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Clara Creation

14 janvier 2007

Une femme

Elle est assise en face de moi, elle se maquille, avec douceur et tendresse. Semble-t-il. Elle a tiré un miroir de son sac à main de ses longs doigts fins, et a peint ses lèvres blanches, impassible et froide. Appuyée contre le dossier, elle s’affaire, absorbée par ses propres mouvements. Mais son regard plonge dans le vide du sac, il n’y a rien à en tirer. Hautaine, elle prend un air détaché, car elle sait qu’on l’observe. Je ne peux m’empêcher de la regarder. Personne n’ose la regarder, mais tout le monde brûle de parcourir son corps, de la déshabiller du regard, ou peut être de la fuir, de la faire tomber, ou encore de lui crier leur pitié et leur rage. Elle doit avoir l’habitude. Les questions fusent, à droite et à gauche, je les entends au travers des crânes épais des monstres qui jugent, et dont je fais partie. Comment est ce qu’on peut en arriver là? Si elle tombe, il faudra la rattraper. Mais si elle se brise? Comme fait-elle pour ne pas trembler sur ses jambes, ne pas se poignarder avec les armes que sont devenus ses os saillants. Il faudrait peut être lui rappeler de manger… une femme, ça se doit d’être charnue... quoique, pas trop. Elle a failli à son devoir de femme. Elle s'est choisi une vie parallèle à ce monde. Elle s’est rebellée contre l’acharnement de son corps à s’enrober pour baiser, procréer, et puis s’affaisser. Elle a désobéi aux ordres du tout puissant, qui lui préparait une vie de pêcheresse. Une vie de femme quoi… et si c'était elle qui avait raison? L’animal en elle s’est éteint depuis longtemps, c’est la mort qui lui tient lieu de compagne. Et partout où elle va, elle nous rappelle que nous nous enrobons de tout ce qui nous tombe sous la main pour fuir cette mort. Mais à quoi sert-il de s’enrober? Pour vivre. Je sors du métro, je respire. Je ne veux plus en voir comme ça. Ca me mine, ça m'enrage. Elle m'a frôlée de trop près. Je veux rester animale, enragée, paresseuse, moqueuse, peureuse, et suivre un chemin tout tracé, avec enrobages, s'il vous plaît. nsm
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11 janvier 2007

Foyer de jeunes travailleurs

« Je mange au réfectoire. Je m’assois à la même place qu’hier soir, c’est important de se donner des repères. A côté de moi deux personnes, qui dialoguent en langage sourd-muet. Je mange tranquille. Je repense à la journée de m….e que je viens de passer. Je me passe en revue aussi les moments sympas, les tronches des gens au bureau. Du bureau où je travaille on voit les toits de Paris, et le dernier étage d’une bicoque moitié en ruine, il y a un drap qui pend de sa fenêtre, je repense à tout ça et je me demande si quelqu’un habite là-dedans. Peut-être le gardien de l’immeuble, une femme de ménage, peut-être quelqu’un mort dont on a pas encore découvert le corps.

Alors je mange, et j’aimerais bien me concentrer sur mes pensées pendant que j’engouffre ma bouchée à la reine. Les gens du bureau, la prime que le directeur de passage vient proposer au meilleur de la boîte. La tête de mon maître de stage, une tête osseuse qui mâche du chewing-gum, une tête de Ken de Barbie, une tête de mec qui a l’air gentil et presque beau mais qui me fout des frissons dans le dos. Je cherche à me concentrer sur mes pensées, j’ai presque fini mes fameuses ô combien succulentes bouchées à la reine, mais là vraiment les sourds-muets commencent à me chauffer les oreilles.

Ils font un boucan d’enfer avec leurs bruits gutturaux et leurs claquements frottements de mains ; et que je me tape le torse, et que je respire fort pour manifester mon mécontentement, et que je halète en riant façon hyène. J’ai bien envie de leur dire « vous pouvez pas parler moins fort » mais je me rends compte du paradoxe de la situation, je pouffe de rire dans ma bouchée à la reine … qui ressemble maintenant à un soufflé au fromage. Ca me divertit, je réfléchis à la possibilité de dire à deux sourds-muets de faire moins de bruit, à la manière de le demander. Je me demande si ils le prendraient mal, qu’on leur demande moins de bruit alors qu’ils ne parlent pas, est ce que les sourds-muets se rendent compte qu’ils peuvent importuner autrui comme n’importe qui ? »

co

6 janvier 2007

Bus

D'abord un fond de bus disposé en arcle de cercle. Un petit panneau "six places".
Ensuite une femme au milieu de ces sièges. Obèse, géante, énorme.
Après deux personnes aux deux extrémités de cet arc de cercle.
Des gens arrivent et veulent s'assoir. Ils regardent la femme obèse, et les deux morceaux de places de part et d'autre de son corps imposant.
Ils la dévisagent et n'osent pas s'assoir près d'elle. Les gens restent debout.

La femme me regarde et me parle d'une voix généreuse. Mais asseyez-vous donc !

Les fesses coincées entre elle et l'autre personne, j'ai d'abord senti contre moi sa cuisse large et rebondie, serrée dans un pantalon de toile noire.
Le rire m'est venu ensuite.
C'est le regard des gens debout qui le provoquait.

co

5 janvier 2007

Un hiver très doux

Il a marché. Longtemps. Avant de trouver ce qu’il cherchait. Il était tard, le froid s’était propagé à ses genoux. Maintenant engourdis, il sentait combien ses poings étaient chauds. Merci. Merci pour ce doux hiver, qui berce. Des flocons tombaient sur ses cils. Le ciel était tapissé de points blancs, ses yeux gelaient toutes les secondes, et à chaque seconde qui passait, les yeux, d’un mouvement, les fondaient, dans une lutte acharnée et incompréhensible contre la poussière argentée. Spectaculaire, grandiose. Les secondes valaient bien la peine d’être vécues. On lui avait dit de suivre un point blanc dans le ciel. Ce n’était plus utile. Mais l’enfant était au chaud. Il voulut bouger. Non, c’est trop de peine. Ses mains, ses bras, ses jambes, son corps entier reposaient dans une douceur infinie. Je suis. Ici et maintenant. Le rythme du coeur… ou ce sont des pas dans la distance? Pas de mots, aucun mot ne sort de sa bouche, congelée. Il a envie de rire, sa bouche craquèle, il sent du sang chaud. Un coton blanc, plus gros, qui s’avance, un halo l’entoure, je rêve. Des lapins apparaissent, des milliers. Ils se tordent de rire. Ils n’ont jamais vu d’homme noir? Il s’énerve, s’excite. Mais reste pitoyable, vêtu de linceul blanc avant l’heure, les orbites affolés. Ils rient, trop fort, ils ont raison, c’est ridicule. Du noir, qui s’empêtre dans le blanc. Du brun, du chocolat chaud. Ses boyaux se tordent, les convulsions d’un dernier soubresaut d’humanité: le rire. C’est drôle, c’est tellement drôle! Non, c’est idiot et ridicule. Il n’a plus froid. Enfin, ses yeux renoncent.

nsm

5 janvier 2007

Hi ... vert

La mondialisation est un terme aujourd'hui répandu, encore plus dans les consciences occidentales. Nous importons du pétrole, des boissons rafraîchissantes, des actions, des personnes qualifiées, des chaînes de magasins. Les idées s'importent aussi, emportant dans leur valse cultures et programmes politiques.

Cet hiver 2007 est le plus doux jamais observé cette décennie. Les médias nous chantent des airs légers, vantant les mérites printaniers d'une saison moins glaciale que d'ordinaire. Dans les rubriques scientifiques, ces mêmes chantres exposent dans la neutralité des résultats de climatologues internationaux : le climat change, la Terre se réchauffe.

En dehors de ce léger bruissement écologique, les populations glissent sur leur quotidien comme un vaste troupeau en pâturage. Compréhensifs, ils savent pourtant que ce réchauffement porte des impacts irréversibles sur le fonctionnement de la planète. Ils savent que des îles submergées vont voir fuir leurs peuples, futurs réfugiés climatiques. Ils savent que des maladies nouvelles vont emporter dans leur gangrène familles et villes entières. Ils savent que les espèces vivantes, oiseaux mammifères plantes insectes, vont être bouleversés par ces changements climatiques au point de risquer de disparaître complètement de la surface de la Terre.

La conscience collective n'influe parfois en rien sur la conscience individuelle. Solidaires mais peu changeants, adhérents mais peu actifs, les citoyens s'enferment dans l'entendement, sans agir !

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J'aime l'hiver, droit, blanc, pur, glacé. J'aime porter une fois par an des gants en laine qui gratte, des bonnets des caches-nez. J'aime regarder les oiseaux au soleil sur les branches dénudées pendant dans le ciel. J'aime soulever les souches dans la forêt pour découvrir les insectes s'affairer à leurs réserves de nourriture. J'aime imaginer le Père Noël, même si je n'y crois plus, parcourir le ciel sous la neige de décembre. J'aime plus tout ça que monter de temps en temps dans une grosse voiture. J'aime plus avoir un hiver pendant 10 ans que prendre l'avion pour 500 km une fois tous les 10 ans.

Je regarde chaque matin mon voisin démarrer son quatre roues motrices. Il laisse s'échapper dans l'air parisien jusqu'à quatre fois plus de gaz à effet de serre qu'un petit véhicule. Mon voisin comprend les problèmes climatiques. Mon voisin aime que je l'en renseigne.

Mais mon voisin n'a pas intégré cette dimension au point de remettre en question son comportement au quotidien. C'est normal, non ?..

CO

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5 janvier 2007

IMGA0425

5 janvier 2007

La faute aux photos

Des rondelles de saucisson sur une table , une bouteille flottant dans un canal, des yeux embrumés, ça a aussi son charme qu'on n'explique pas ..... les photos d'un jour sont celles de mes rêves, de mes observations du réel que je superpose à des fantasmes..

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